Le SCCUQTR trouve son premier président en la personne de Joseph Le Brech, enseignant au département de physique. L’homme est généreux : « un syndicat, c’est fait pour défendre le petit monde », répète-t-il.
De fait, il lui arrive de passer des nuits blanches à vérifier l’attribution des cours, pour s’assurer d’un traitement équitable. Marque de l’affection que les membres lui portent, il sera président pendant 13 ans, de 1984 à 1997, en alternance avec une autre personne marquante de l’histoire du SCCUQTR, M. Robert Bellerose.
Le syndicat s’attèle ensuite à la tâche d’obtenir une première convention collective. Elle est finalement signée le 27 août 1985. Elle permet notamment d’obtenir une plus grande sécurité d’emploi. De façon hautement symbolique, la première lettre d’entente émise par les deux parties concerne la réintégration des trois personnes enseignantes ayant perdu leur emploi lors de la tentative initiale de syndicalisation.
Dès sa fondation, le SCCUQTR doit adopter une attitude défensive face à une administration qui ne comprend pas très bien l’apport des chargés de cours. À cette époque, l’UQTR n’était pas seule à minimiser l’apport des chargées et chargés de cours. Dans un texte de La Presse signé par André Pratte et datant de la fin des années 1980, on pouvait lire que le Conseil des universités du Québec voyait le recours massif [sic] aux chargés de cours comme une menace à la qualité de l’enseignement. Ce même conseil recommandait alors au gouvernement de de prendre des mesures pour réduire la proportion de cours dispensés par les personnes chargées de cours.
Mais une question importante avait été tout de même été posée : Pourquoi le grand nombre de chargés de cours menace-t-il la qualité de l’enseignement universitaire? Parce que le plus souvent, ils sont peu encadrés et ne peuvent pas participer à la vie de leur département.
« On veut faire partie de la famille. C’est aussi simple que ça. On ne figure pas au générique de l’Université, même si on fait partie de la moitié du film. » dit Robert Bellerose, alors vice-président du SCCUQTR. « La reconnaissance a été, et est toujours, un combat ! »
Au cœur des revendications se trouve une meilleure intégration à la vie universitaire et l’accès à des avantages sociaux. Un fonds de retraite, des assurances collectives, des congés en cas de maladie ou de décès sont toutes des mesures que les chargés de cours n’ont pas à l’UQTR. À l’époque, ces enseignants n’ont même pas accès à des bureaux pour rencontrer leurs étudiants !
Heureusement, le SCCUQTR parviendra à obtenir plusieurs de ces gains, le tout étant officialisé par la signature de sa deuxième convention à l’automne 1988, après une journée de débrayage, survenue le 6 avril 1988. Le SSCCUQTR avait reçu un mandat de grève voté à 92%, comme celui du 22 janvier 2022. Cette journée de grève avait été marquante pour l’Université qui ne croyait peut-être pas que les personnes chargées de cours auraient le courage de leurs ambitions.
De plus, l’entente accordera aux chargées et chargés de cours un rattrapage salarial de 15,5% en 1988 et un des réajustements en 1989 et 1990.
Maintenant, peut-on désormais dire que l’on fait vraiment partie de la famille? À vous ne nous le dire!